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années auparavant comme banqueroutier frauduleux, eut la direction des finances, d’abord sous le titre de contrôleur général, et, peu de temps après, comme surintendant. D’Émery s’environna de plusieurs compatriotes dont la réputation n’était pas meilleure que la sienne; et, par une fatalité dont la France seule offre l’exemple, pour la seconde fois sous une régence, des étrangers méprisables disposèrent à leur gré de la fortune publique et de celle des particuliers[1].

D’abord les taxes de tous genres affermées, régies ou aliénées, subirent une augmentation de plusieurs sous additionnels; et l’espoir d'une paix prochaine, que ranimait la victoire de Rocroy, fit supporter ce nouveau sacrifice. Mais l’esprit fécond autant que peu consciencieux d’Emery imagina bientôt d’autres expédients. On déclara que les possesseurs des domaines aliénés et engagés seraient libérés des rentes, gages et autres droits dont les concessions étaient grevées, sous la condition qu’ils acquitteraient une taxe de répartition; et le paiement des engagements hypothéqués sur les biens fut assigné sur le produit des tailles et des gabelles. Les rentiers alors devaient être payés par le trésors; mais le surintendant les oublia dans la distribution des fonds. Ils se plaignirent long-temps en vain; enfin on obligea de nouveau les engagistes à satisfaire les porteurs de rentes, en annonçant que les taxes acquittées tourneraient en augmentation de finance.

Les titulaires d’offices, qui en devenaient possesseurs héréditaires en satisfaisant au paiement de l'annuel, avaient dû cependant acheter la confirmation de leurs

  1. Anquetil, Intrigue du cabinet.