Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/406

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cature et de finance. Le parlement, auquel le ministre s’efforçait toujours de plaire, se trouvait seul excepté de la retenue des gages.

L’une de ces mesures, celle qui frappait les porteurs de rentres, était à la fois inhumaine et imprudente : car, en privant de leurs moyens d’existence les familles qui ne possédaient pas d’autre revenu, elle détruisait jusqu’à l’espoir du crédit. Celle-là surtout pouvait faire l’objet de représentations fondées; mais le cri des rentiers, les clameurs non moins vives des titulaires d’offices, et le motif plus puissant de l’intérêt personnel, soulevèrent contre toutes les dispositions ordonnées les magistrats des cours qui ne participaient point à la concession faite aux membres du parlement. « Attendu que l’enregistrement en présence de Sa Majesté devoit être considéré comme une formalité sans valeur, » les différentes cours s’accordèrent à demander la réunion générale des chambres, pour délibérer sur les édits apportés par le roi. Avant toutefois que la réunion fût arrêtée, les maîtres des requêtes en charge prirent entre eux s’engagèrent d’exclure les nouveaux collègues qu’on voudrait leur donner. Le grand conseil, la cour des aides, la chambre des comptes, se prononcèrent contre la réduction de leurs émoluments; et le parlement, qui reconnut dans l’exception faite en sa faveur l’intention de le diviser d’intérêt avec les autres compagnies, fit cause commune avec elles, nonobstant les efforts et les ordres contraires de la couronne. Les démarches ni les flatteries de Mazarin ne purent empêcher les chambres d’interrompre le cours de la justice et de se réunir « pour travailler à réformer l’état,