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étaient la source de nouvelles combinaisons, qui toutes avaient pour but la prospérité de l’état[1].

Sous la direction de Colbert cinq commis suffisaient à l’exécution de tous les travaux du contrôle général. L’un d’eux, chargé de la tenue des registres, recevait douze mille livres d’honoraires, dont deux mille en qualité d’employé au conseil ; onze mille deux cents livres étaient partagées entre les quatre autres. Les sommes que le contrôleur général touchait à divers titres n’excédaient pas cinquante-cinq mille livres par année[2].

Une des réformes les plus utiles de Colbert fut celle qu’il introduisit dans l’emploi des acquits de comptant. On nommait ainsi, comme on l’a vu précédemment, des ordonnances de paiement où ni étaient indiqués ni le nom de la partie prenante, ni l’objet de la dépense. L’usage de ces bons au porteur existait depuis plusieurs siècles ; ils avaient été uniquement destinés, avant le règne de François Ier, au paiement des subsides que la France fournissait des puissances alliées ; et rien, en effet, n’était plus propre que cette forme pour dérober aux trésoriers qui remettaient les fonds et aux magistrats qui jugeaient les comptes, la connaissance d’une dépense qu’il importait au gouvernement de tenir secrète. Dans la temps de désordre, des ministres infidèles ou faciles s’étaient servis des acquits de comptant pour couvrir d’un voile impénétrable les dons, les gratifications, les prêts, les avances, et les autres faveurs de tous genres qui consumaient la fortune publi-

  1. Comptes de Mallet.
  2. Extrait de l’État au vrai manuscrit de l’année 1672.