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rées, et d’appeler à nous les matières premières qui manquaient à nos fabricants.

Il entrait dans le système du ministre, attentif à ce qui pouvait favoriser l’accomplissement de ses vues, de rétablir la liberté dans les communications de province à province, et de détruire les entraves que le commerce et la circulation éprouvaient par l’existence des traités intérieures, en supprimant ces nombreuses barrières et en reportant tous les bureaux de douanes aux frontières extérieures du royaume. Le tarif avait été préparé dans ce dessein, qui était conforme au vœux exprimés à différentes époques dans les assemblées d’états-généraux. Mais, par une conséquence fâcheuse des ménagements que commandaient les privilèges, dont l’existence privait le souverain de la faculté de faire seul le bien du royaume, ce tarif dut être communiqué aux provinces, en leur laissant l’option entre le régime projeté et celui qui existait. Colbert espérait que toutes apprécieraient les avantages du changement qui leur était proposé ; mais son attente fut trompée. Plusieurs d’entre elles acceptèrent, à la vérité, le tarif ; les autres, habituées depuis des siècles à voir leurs intérêts séparés de ceux du reste de la France, préférèrent leur ancien état à un changement dont elles redoutaient les conséquences, sans pouvoir les apprécier ; d’autres provinces enfin, qui avaient été récemment conquises, firent stipuler dans les traités de réunion qu’elles conserveraient une libre communication et une pleine franchise avec l’étranger. Ainsi, malgré les efforts du ministre pour soumettre le royaume à un régime uniforme dans les douanes, des intérêts ou