Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/484

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attention : en payant au trésor des taxes modiques, les détenteurs des biens communaux qui avaient été usurpés ou concédés à vil prix, et dont le rachat n’était point encore consommé, obtinrent d’être confirmés dans leur possession.

Toujours par suite des besoins que causaient la guerre et les dépenses d’embellissement, les arts et métiers furent l’objet d’une mesure dans laquelle il est difficile de reconnaître la sollicitude de Colbert pour ce qui intéressait l’industrie, et l’attention qu’il avait eue, à plusieurs égards, de réformer la législation financière conformément aux vœux exprimés sous le précédent règne dans les dernières assemblées des états généraux et des notables. On obligea les artisans et les marchands qui n'étaient point en corps de communauté de se réunir, afin qu’il fût accordé des statuts qu’il fallait payer. Ces statuts, imaginés dans des vues moins désintéressées que les règlements par lesquels Saint-Louis avait ranimé l’industrie, portent l’empreinte de l’esprit de fiscalité qui présidait à leur rédaction. S'ils annoncent l’intention bien louable de conserver aux produits des fabriques françaises la supériorité dans les marchés étrangers, en écartant les inconvénients d’une cupidité aveugle qui spécule sur l’ignorance ou la bonne foi du consommateur, par d’autres dispositions dont l’effet devait être plus certain, ils ferment au talent pauvre la carrière de l'industrie, condamnent à l’oisiveté une partie laborieuse de la population, et rétrécissent la sphère des arts et du commerce en soumettant chaque profession à des exclusions et à des gênes qui sont contraires à tout perfectionnement.