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environs de Mont-Dragon, de Saint-Mexant, de Léry et de Metz. La confiscation et des amendes furent les peines portées contre les réfracteurs. Au retour de la paix, cependant, le ministre ne cessa d’insister pour la suppression de la ferme du tabac, qu’il regardait comme préjudiciable au commerce. Mais le monopole était devenu trop profitable au fisc pour que cette opinion prévalût; et, vingt ans après le premier bail, la ferme du tabac fut portée à seize cent mille livres par an. La défense de planter devint alors plus rigoureuse. Le fermier obtint l’autorisation de faire arracher le tabac dans tous les lieux où la culture n’en était pas permise; on lui accorda encore le droit de faire des perquisitions dans les jardins, les parcs et les vergers. La contrebande, conséquence funeste dut monopole et des prohibitions, fut punie pour la première fois par la confiscation accompagnée d’une amende de mille livres, et, au cas de récidive, perle peine du carcan[1].

De tous les objets atteints par l’impôt, le tabac est le seul pour lequel la consommation, favorisée par la mode d’abord, et par l’habitude ensuite, se soit constamment prêtée aux vues de la fiscalité. L’usage de cette production semble s’être étendu en sens contraire des mesures qui devaient le restreindre ou l'anéantir. C’est donc avec raison que l’état trouve dans le tabac une branche considérable de revenu, tribut bien libre, sans doute, puisqu’il résulte d’une consommation qui tient moins de la nécessité que de l’agrément. Mais ne doit-on pas regretter, avec Colbert, que les prohibi-

  1. Déclaration du 9 février 1674.- États au vrai manuscrits du 1674 et 1675.