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niales, et que l’on connut dans la suite sous le nom de dîmes inféodées, c’est-à-dire cédées en fief, continuèrent d’être revendiquées par l’Église, comme ayant été usurpées sur elle. De ces prétentions opposées naquirent des contestations dans lesquelles la couronne intervint en différents temps : elles n’étaient point encore terminées dans le XVIIIe siècle, et ne devaient finir qu’avec l’impôt qui en était la cause[1].

Au temps de Charlemagne, on trouve la trace certaine d’une institution qui annonce l’existence d’une haute surveillance exercée au nom de l’autorité royale pour la conservation de ses droits et de ses prérogatives, et pour la protection des peuples. Sous les derniers rois de la première race les ducs avaient des envoyés qui parcouraient la province soumise à leur gouvernement; Charlemagne attribua à la couronne le droit de nommer et de diriger dans leurs missions ces envoyés, qui reçurent le nom d'envoyés royaux. Ceux-ci, au nombre de quatre d’abord, étaient choisis parmi les archevêques, les évêques et les grands-officiers du palais; chacun d’eux se rendait dans l’arrondissement qui lui était assigné au mois de mai; ils convoquaient, sur un ou plusieurs points de leur légation, les évêques, les abbés, les comtes, leurs assesseurs, les centeniers, les avocats et les vassaux de la couronne. Après s’être occupés dans ces placites provinciaux des intérêts de la religion, les envoyés royaux s’enquéraient de toutes les parties de l’administration, de la publication et de l’exécution des lois, de l’aptitude ou de la probité des

  1. Capit. anni incert., art. 2. - Ann. 823, 829, et t. I, p. 749, 1288, t. 2, p. 339, 340. - Préambule de l’édit de 1708.