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avait placés l’influence féodale que vers la fin du XIe siècle, sous le règne de Philippe Ier. A cette époque, l’enthousiasme pour les guerres saintes, nommées croisades, entraîna la noblesse vers l’Orient. Afin de se procurer les sommes qu’exigeaient les frais d’une aussi longue expédition, les seigneurs eurent recours à divers moyens. Leurs vassaux obtinrent des prérogatives nouvelles; des immunités furent accordées aux villes et aux bourgs, en échange de sommes d’argent; et les sujets ecclésiastiques ou laïcs qui ne prenaient point part à l’expédition durent payer une subvention. Les commerçants étrangers, surtout les juifs, furent taxés à de fortes sommes. Le produit de ces différentes ressources étant encore insuffisant, la plupart des seigneurs croisés engagèrent ou aliénèrent à vil prix tout ou partie de leurs domaines. Aucun des différents souverains de l'Europe, comme l'a remarqué l’historien Robertson, ne s’était engagé dans la première croisade, et tous saisirent avec empressement une occasion si favorable pour réunir à leur couronne un assez grand nombre de fiefs.

1100. — L'influence de l’enthousiasme religieux qui continuait de diriger l’ardeur guerrière vers la Terre Sainte ne s’étendit pas d’abord jusqu’au soulagement des classes laborieuses; et les seigneurs ne cessaient d’accabler leurs sujets de toutes les exigences et des vexations que suggérait le caprice ou l'avidité. Mais les sentiments d’humanité inspirés par la religion donnèrent à l’activité physique naturelle à l’homme une direction nouvelle qui préparait un grand changement dans les conditions. Cette activité, qui s’était long-