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de rachat, et autres, que toute mutation devait leur procurer. Ils représentèrent au roi le préjudice notable que leur portaient les acquisitions multipliées que faisait le clergé, et Saint-Louis prononça en leur faveur. Il voulut que les églises et les abbayes à qui des dons de terres avaient été faits traitassent avec le seigneur, ou, si elles n’étaient pas d'accord avec lui, qu’elles aliénassent dans l'année l'héritage acquis, sous peine de confiscation au profit du seigneur. Cette décision royale a donné naissance au droit d’indemnité, dû par les gens de mainmorte aux seigneurs, et que des lois ou des usages fixèrent, dans la suite, à quatre ou à trois années du revenu, ou du tiers au cinquième de la valeur des immeubles, suivant qu’ils étaient féodaux ou roturiers d’origine[1].

Saint-Louis, sage dispensateur des revenus de son domaine, ne se montra pas moins économe de la fortune de ses sujets que protecteur constant des communes, dont il favorisa l’affranchissement, et maintint les privilèges. Obligé, à l’occasion de la première croisade, de recourir à la décime sur les biens ecclésiastiques et laïcs, il seconde par ses défenses l’opposition formée par les barons à la levée en France des contributions que le pape Innocent IV imposait sur plusieurs états de l’Europe, pour payer les frais de la guerre contre l’empereur Frédéric, et défendit même aux évêques de prêter de l’argent à la cour de Rome[2].

  1. Etablissements, liv. 1, ch. 125. - Ordon. du Louvre, t. 15, p. xij.
  2. Histoire de Saint-Louis, par M. de Ségur.