Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/137

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Le livre lui-même procure à son lecteur plus d’un enchantement d’une autre sorte. M. Anatole France s’est plu à célébrer la grâce, l’esprit, les jeux, l’art et la fine volupté en face de l’obtuse vertu et de l’inhumaine doctrine d’Évariste Gamelin. Il a en même temps brossé à larges traits un beau tableau d’histoire. Je ne crois pas qu’il existât encore dans toute notre littérature un livre propre à donner une idée aussi nette de ce que furent Paris et la France durant la Terreur et de ce que fut la Terreur elle-même. L’ironie qui coule sur ces pages ne fait que les rendre plus fortes : c’est le procédé ordinaire de M. Anatole France, renouvelé de Renan et de ses drames philosophiques (on pense souvent, en le lisant, à l’Abbesse de Jouarre), et si ce procédé rend quelquefois son intention et sa pensée intime plus difficiles à déchiffrer, les sentiments et les opinions de ses personnages en tirent une netteté et