Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/147

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Mutans Evae nomen.

« Certes il est plus léger que les voiles d’Asie,
Ma sœur, le voile blanc de l’Épouse choisie.
Il brille mieux au doigt que le saphir, l’anneau
Qui destine la vierge aux noces de l’Agneau,
Plus que la soie et l’or, le drap du scapulaire
Réjouit l’œil auquel la chrétienne veut plaire…
« Et vous, prudentes sœurs dont l’essaim m’environne,
Abeilles que reçut la ruche d’Augustin,
Qui du lys virginal, de mélisse et de thym,
Sous le sceptre léger de la reine ouvrière,
Formez abondamment le miel de la prière,
Guidez la jeune abeille au tranquille vallon
Où fleurit en secret la rose de Saron,
Elle prendra le suc de la fleur bien-aimée
Et toujours sa cellule en sera parfumée. »

À ces parfums, à ces sucs, à ces roses, à ce miel et à cette mélisse, comme on ajouterait volontiers un peu de guimauve ! À côté de ces bêlements pseudo-raciniens, auprès de quoi les chœurs d’Esther sont virils, on lit encore des Madeleine, des Pia, des Danses des morts, dont le christianisme s’étale en vers forgés à l’instar de Leconte de Lisle. Si l’on fait une exception en