Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/167

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Est-ce donc une nécessité que les hommes d’aujourd’hui ne puissent avoir sur le passé que deux opinions : ou celle, très enfantine, de Loti ; ou celle, très niaise, des gens qui croient dur comme fer que l’existence n’est tenable que depuis 1789 et que, avant cette aube, le monde était un enfer ? Ne peut-on se persuader que la vie, toujours pareille à elle-même, a toujours été dure mais a toujours donné aussi des douceurs et des satisfactions ? Il semble que cette idée de l’identité du sort humain dans tous les temps et sous tous les climats soit, autant qu’exacte, consolante, et qu’elle pourrait être utilement cultivée par tous les neurasthéniques. C’est à ce titre qu’on la recommande aux méditations de Pierre Loti et aussi de ses lecteurs.

27 août 1904.