Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/275

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ceux qui n’ont pas même le talent littéraire, ont porté leur manie religieuse ailleurs et la tournent contre ce qu’ils ont adoré jadis. Ils ont peuplé la Ligue des droits de l’homme. Ceux-là ont beaucoup méprisé Louis le Cardonnel lorsqu’il les a quittés pour entrer dans le sacerdoce. Ils ont même l’air de s’être assez mal conduits à son égard, car le très doux poète ne peut s’empêcher de se plaindre en ces termes :

Il entendra pourtant, là-bas, un long murmure
Ironique railler son radieux départ.
Bien que jamais sa voix n’ait raisonné plus pure
On le dira perdu pour la vie et pour l’art.

Les méchants soulevés lui deviendront contraires
Et ne pouvant dans l’ombre enfin l’ensevelir,
Des frères qu’il aima, changés en mauvais frères,
De loin, espéreront peut-être le salir !

Que l’abbé Le Cardonnel se console. De son presbytère, où il persiste dans le culte de la beauté, il peut prendre en mépris et en pitié les beaux poètes