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Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/36

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Avec trop de violence et peu de finesse, personne pourtant n’était moins commun que Gustave Flaubert. Tourmenté toute sa vie par le souci de l’art, dévoré du désir de la perfection, il serait aisé de le tourner en caricature et de le présenter comme un lettré de la Chine. Gratteur de mots, arrangeur de syllabes, tel qu’on pourrait le comparer au vieux Malherbe, après toute une existence de labeur il n’a jugé dignes d’être livrés au public que six volumes dont la longueur n’égale pas celle de quatre tomes des Rougon-Macquart. Je sais bien que M. Jules Lemaître, au temps où il ne respectait rien, avait attenté à la légende de travail incessant et forcené qu’on avait auréolée autour de l’ermite de Croisset. Il n’en est pas moins vrai que, quand bien même certains de ses romans comme Salammbô ne seraient que des bijoux carthaginois, massifs, fulgurants et contournés, ce sont pourtant encore des œuvres d’art.