Page:Bainville – Au seuil du siècle.djvu/54

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disait-il fièrement dans l’envoi d’une de ses ballades. Il avait composé un célèbre petit traité de prosodie française. Il vénérait l’harmonie et le rythme que, par une intuition excellente, il définissait en musicien : « J’aurais voulu, a-t-il écrit, que le poète, délivré de toutes les conventions empiriques, n’eût d’autre maître que son oreille délicate, subtilisée par les plus douces caresses de la musique. » D’où vient, cependant, que Banville ait accumulé les erreurs, qu’il choque à tout moment l’oreille et non pas toujours seulement la plus délicate, qu’il ait si souvent écrit des vers désarticulés, désossés, douloureux, tout en fausses notes ? Je vous défie de jamais faire plaisir à personne en récitant ceci :

Et le joyeux titan Amour, levant sa coupe
Que rougit le nectar, vers les Charites, groupe
Adorable, naguère encore du ciel bruni,
Disait : « Que l’homme soit béni, que l’infini, etc…