Page:Bainville - Bismarck.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

paraître un peu menaçant. Mais il ne faudrait pas faire cela de Paris. On mettrait les choses en scène à Berlin. »

Il va sans dire que le résultat des élections satisfit profondément Bismarck. Le 1er janvier 1878, il adressait à Hohenlohe, en réponse à ses souhaits, des félicitations sur les événements de l’année qui venait de finir et il le louait de « son habileté et de sa loyauté à représenter les intérêts allemands ». La République dûment établie en France, c’était le succès définitif de sa politique, la fin des menaces du dehors et des intrigues du dedans. Une seule pensée attristait le triomphe du prince de Bismarck : Thiers n’était plus là pour en prendre sa part. Thiers était mort le 3 septembre 1877, et Hohenlohe, qui se trouvait à Gastein lorsque parvint cette nouvelle, raconte que « Bismarck regretta sa fin et nous invita à boire en silence à sa mémoire ». Les Allemands boivent un stilles Glas, un « verre silencieux », comme on dit une messe basse. Telle fut l’oraison funèbre du libérateur du territoire à Gastein

D’ailleurs, le chagrin de Bismarck fut court. Il savait que Gambetta remplacerait Thiers avec bénéfice. Il avait souvent répété à Hohenlohe qu’il ne fallait pas redouter Gambetta, qu’il ne fallait pas l’empêcher d’arriver au pouvoir. Et, en effet, trois mois plus tard, Henckel de Donnersmarck allait mettre en rapports le tribun et le chancelier.