il donna sa démission, Bismarck essaya-t-il de le garder. Et certes la nouvelle couche des hommes d’Etat français n’était pas redoutable pour l’Allemagne. Elle se distinguait surtout par son ignorance des points faibles de l’adversaire. Le 4 décembre 1881, Hohenlohe rapporte cet entretien qu’il a eu avec Gambetta après un dîner officiel au quai d’Orsay, où on lui a présenté le nouveau ministre de l’Intérieur, « un jeune homme de bonne mine et d’agréable conversation », qui n’était autre que Waldeck-Rousseau. « Gambetta, écrit l’ambassadeur d’Allemagne, me dit qu’il ne comprenait pas l’opposition que l’on faisait à Bismarck dans sa politique financière, qui doit pourtant consolider l’unité de l’empire. Je lui dis que l’opposition, celle des progressistes comme celle du Centre, était composée d’ennemis de l’unité, de fédéralistes. Cela était nouveau, pour lui. » Hohenlohe pouvait d’ailleurs sans danger enseigner son métier au nouveau ministre des Affaires étrangères. Moins par incapacité que par situation, celui-ci n’était pas en état de tirer parti des notions nouvelles qu’il recevait sur les difficultés qu’avait rencontrées Bismarck, au cœur même de l’Allemagne, dans son œuvre unitaire.
D’ailleurs l’opinion de Bismarck à ce moment était faite. Sa sécurité en face de la France républicaine était absolue. Il l’avait affirmé six semaines plus tôt devant Hohenlohe en cinq phrases d’une concision frappante et qui, on va le voir, sont encore d’actualité :