Page:Bainville - Bismarck.djvu/162

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nant dans son cercueil, recevait la visite du général de cette Révolution, devenu empereur, conquérant de Berlin et de Potsdam ! Le vainqueur de Rosbach recevait la visite du vainqueur d’Iéna ! Quel spectacle ! Malheureusement ces retours de la fortune n’étaient pas les derniers.

Thiers indique ici, approximativement au moins, la philosophie et les causes profondes des grands événements qu’il raconte. Dans la mesure où, du fait de l’engouement de Frédéric II, les idées révolutionnaires avaient pénétré le peuple prussien, elles avaient exercé leurs dommages ordinaires, préparé comme toujours la désorganisation et la défaite. Mais lorsque la Prusse se ressaisit, lorsque, appuyée sur sa dynastie nationale et rejetant ce que les patriotes appelaient les « mensonges français », elle travailla à son relèvement et à son indépendance, c’est elle qui l’emporta sur la politique insensée du « général de la Révolution » et finit même par avoir raison du génie militaire de Napoléon et de la bravoure de nos armées. L’histoire ainsi expliquée et d’une manière aussi sommaire ressemble un peu trop peut-être à la morale en action où les méchants sont punis et les bons récompensés. Mais il faut bien constater que les choses se sont ainsi passées et que les mêmes erreurs ont entraîné les mêmes châtiments, il faut bien constater encore que les « retours de la fortune » dont parle Thiers s’expliquent ainsi et non d’aucune autre sorte.

C’est un fait que la période que les Allemands appellent la période de l’Aufklœrung, de la « diffusion des lumières », c’est-à-dire de l’engouement pour