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au cours duquel il s’informa de l’état de l’opinion allemande. Il en revint avec
la conviction que l’Allemagne, malgré des dissentiments réels, se réunirait tout entière contre nous en armes, dès que nous ferions mine de nous mêler de ses affaires intérieures dans l’intérêt d’une solution quelconque[1] : au contraire, si nous renoncions à tout agrandissement, bien des années s’écouleraient encore avant que le roi Guillaume et Bismarck eussent franchi la ligne du Rhin.
Cet au contraire, rapproché des événements connus, des intentions avouées de la Prusse, de la
- ↑ Cependant c’est M. Ollivier lui-même qui relate des déclarations que Dalwigk, ministre de Hesse-Cassel, faisait « en toute occasion » à notre représentant M. d’Astorg : « Plus la France attendrai plus elle trouvera organisée la force prussienne qui ne l’est pas encore du tout dans le Sud. Comme Allemand, je ne prononcerais pas ce mot de guerre. Mais si j’étais la France, je la ferais le plus tôt possible, car la Prusse considère chaque jour davantage la France en état d’infériorité sous le rapport militaire, et plus on attendra, moins la Prusse aura tort. La France consentira-t-elle à perdre tout le prestige de sa puissance, prestige dont elle a été si jalouse jusqu’ici et qui l’a placée à la tête des nations ? Une guerre entre la Prusse et elle est inévitable. Assurément, comme Allemand, je ne la souhaite pas ; comme Hessois, je suis prêt. Si la France est prête, et que, cherchant un prétexte pour rompre avec la cour de Berlin, elle considère que l’entrée de la Hesse entière dans la confédération du Nord est de nature à provoquer cette rupture, je suis disposé à servir ses desseins, et dès demain je proclame l’entrée du Grand-Duché. Sinon je résiste encore. Il est impossible que la France reste plus longtemps spectatrice muette du développement menaçant que la Prusse prend chaque jour ; les assurances de modération que Bismarck donne volontiers ne sont que des mensonges perfides ; la guerre seule peut mettre un terme à cet état de choses. Aujourd’hui, elle peut se faire à d’heureuses conditions pour la France ; plus tard, je crains qu’il ne soit trop tard, » Telles étaient les bonnes volontés qui s’offraient à nous en Allemagne jusqu’après Sadowa. Mais M. Ollivier ajoute, avec sécheresse et satisfaction, que M. d’Astorg, représentant du gouvernement impérial, « ne répondit à ces excitations que par le silence ». (Empire libéral, t.X, p.49.)