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celui de M. de Gontaut, quelques remarques d’ordre psychologique. Doué de plus de sensibilité patriotique que M. Émile Bourgeois, il se met quelquefois à la place de M. de Gontaut, arrivant après nos désastres chez le vainqueur, se trouvant isolé dans une ville ennemie, dans une cour dont il ne connaît pas la langue, devant un chancelier féroce et qui parle avec la dureté et la brutalité d’un triomphateur. Sans doute, il serait exagéré de dire que la littérature qu’a faite à ce sujet le duc de Broglie appartient au genre sublime. Mais elle convient fort bien au sujet et elle se trouve tout indiquée par les pages de ses Souvenirs où le vicomte de Gontaut-Biron a témoigné lui-même d’une émotion facile à concevoir et à partager.

Il n’est pas malaisé à M. Émile Bourgeois de triompher du duc de Broglie à l’aide de quelques omissions ou erreurs de dates. Après quoi, il est fort commode de dire que le duc de Broglie historien ne mérite aucune confiance, que son livre ne vaut rien, que la thèse en est infirmée puisque la date des dépêches n’y est pas toujours respectée.

Si le duc de Broglie et le vicomte de Gontaut ne sont pas absolument d’accord sur quelques textes ou quelques dates, — sujets où seules les archives du quai d’Orsay et celles de la Wilhelmstrasse, et non des livres imprimés, seraient à consulter, — le ministre et l’ambassadeur s’entendent parfaitement sur un point que les Mémoires du prince de Hohenlohe sont encore venus confirmer et mettre en lumière ; à savoir que Thiers fut l’homme de