fut proposé au roi pour une combinaison ministérielle. En face du nom de son meilleur serviteur, le souverain écrivit cette note un peu narquoise : « Ne pourra être ministre que si la baïonnette doit être maîtresse absolue ». Mais l’ironie n’était pas de force à désarmer Bismarck. De nouvelles élections avaient lieu en janvier 1849. Il s’y porta, sans faire la moindre concession aux temps ni aux circonstances. Ce fut au contraire l’occasion qu’il choisit de reformer avec quelques amis une droite extrême, absolument « pure de toute souillure révolutionnaire ». Aucune transaction avec la Révolution, intégrité de la couronne, lutte contre les abus des récentes libertés : tel était ce programme, plus royaliste que celui du roi. C’est pourtant sur ce programme presque paradoxal qu’il se fit élire. Sa hardiesse, sa brutalité, ses coups de boutoir, avaient plu aux électeurs autant que sa force de conviction et sa confiance en lui-même. Les élections, du reste, n’avaient guère été favorables aux amis de Bismarck. Son petit groupe intransigeant arrivait fort restreint à l’assemblée. Quelques timides et quelques faibles en gémissaient. Bismarck voyait plus loin et montrait un plus clairvoyant optimisme : « Nous n’avons pas encore vaincu, déclarait-il, mais nous avons attaqué, et c’est le principal ; la victoire doit encore venir, mais elle viendra. »
Ce sont de vraies paroles d’homme d’action. Au contact de la vie, à mesure que lui venait l’expérience, Bismarck en effet dépouillait tout doucement sa sensiblerie provinciale. Il conservait intégrale-