Page:Bainville - Bismarck.djvu/41

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avec l’Autriche et que les deux monarchies, ayant écrasé leur ennemi commun, la révolution allemande, allaient se trouver face à face, lutter d’influence et se heurter pour l’hégémonie. Dès son entrée en fonctions, ou presque (1851), l’Autriche est pour lui l’adversaire.

La camarilla rétrograde, le parti réactionnaire, dont il avait été le chef et le porte-parole, ne fut pas éloigné de crier à la trahison. Bismarck trahissait les principes de la Sainte-Alliance, il abandonnait la Prusse pour l’Allemagne, il tombait donc dans les erreurs révolutionnaires, il adorait ce qu’il avait brûlé ! Bismarck laissait dire, ne rendait de comptes qu’à son ministre et à son roi. Et celui-ci comprenait déjà la politique nationale aperçue par le hardi délégué de Francfort, l’Autriche rejetée hors d’Allemagne, l’unité faite au profit de la Prusse.

Bismarck acheva de scandaliser les féodaux dans l’affaire de la reconnaissance de Napoléon III par les puissances.

Le Congrès de Vienne avait prononcé pour Bonaparte et sa famille l’exclusion éternelle du trône de France. Admettre Napoléon III, c’était renier l’œuvre de la Sainte-Alliance, manquer à la parole des rois. Les trois cours du Nord, Prusse, Autriche et Russie, mettaient un point d’honneur à faire respecter la volonté des souverains coalisés de 1815. Mais l’esprit «ingénieux et hardi » de Bismarck avait conçu un autre plan. Bismarck avait compris l’utilité qu’offrirait pour l’intérêt prussien le régime impérial et plébiscitaire restauré en France. Bismarck con-