utile et à un siège héréditaire à la chambre haute de Bavière, en quoi Clovis de Hohenlohe se fût-il senti Bavarois ? Et en quoi se fût-il senti Allemand ? Entre le Rhin et la Vistule, l’idée de patrie n’existait pas au XIXe siècle pour les gens de qualité. La « patrie allemande », das deutsche Vaterland, on laissait cela aux étudiants et aux braillards de brasserie. Plus encore que le patriotisme, Hohenlohe ignorait le loyalisme. Quel lien personnel eût rattaché aux Habsbourg, aux Hohenzollern, aux Wittelsbach, aux Zæhringen ou aux Guelfes un féodal qui, au fond, se tenait, malgré la médiatisation, pour l’égal des chefs de ces dynasties ? S’estimant libre de toute obligation, aussi intelligent qu’ambitieux, Clovis de Hohenlohe ne fut jamais embarrassé pour changer de gouvernement au mieux de sa carrière. Il servit deux rois, se déclara — non sans la réserve et l’ironie qui appartiennent à l’héritier de princes régnants — très humble sujet de tous les deux. Mais il ne se crut pas plus engagé envers l’un qu’envers l’autre et traita avec eux comme avec ses pairs.
Deux exemples montrent bien quelle était l’inconsistance des opinions, des idées et des nationalités dans l’Allemagne de ce temps-là. Ces exemples sont fournis par Hohenlohe et par Beust. Tous deux, ministres de monarchies moyennes mais indépendantes, passèrent le plus naturellement du monde au service de plus grandes maisons. Le comte de Beust, après 1866 et l’échec de ses plans, se désintéressa subitement des destinées de