naturelle et spontanée avec l’ennemi, les chefs républicains, Thiers, le libérateur du territoire, Gambetta, l’organisateur de la résistance, sacrifièrent la France à leur parti : l’intérêt de la République ayant exactement et sur tous les points coïncidé avec l’intérêt de la Prusse. Et si tout cela était connu déjà, connu de toute certitude, par la correspondance du chancelier et les souvenirs de Gontaut-Biron, les Mémoires du prince de Hohenlohe apportent une confirmation de plus à la thèse qui est tout entière exprimée dans ce titre que ratifiera peut-être l’histoire : « La République de Bismarck[1] ».
Mais surtout, par des indiscrétions dont Bismarck paraît bien s’être gardé, même posthumes, nous lisons maintenant, grâce à Hohenlohe, jusqu’au fond de la politique bismarckienne. Les derniers doutes, les dernières ambiguïtés se lèvent sur la participation de Bismarck aux affaires françaises après la guerre. Nous connaissons pleinement aujourd’hui ses intentions et son point de vue, Avec cette absence de retenue, avec ce scepticisme et ce dilettantisme qui trouvent leur explication dans sa qualité de prince médiatisé, Hohenlohe a dit l’essentiel en révélant les instructions qu’il avait reçues de son gouvernement. Sans égard aux conséquences que ses indiscrétions
- ↑ On trouvera dans la brochure que M. de Roux a publiée avec nous en 1905 aux éditions de la Gazette de France, outre une démonstration de cette thèse, les documents authentiques et révélateurs de la correspondance de Bismarck. C’est à cette brochure que nous renverrons pour les lettres de Gambetta et de Bismarck qui sont citées au cours de ce chapitre.