cipes posés par les traités de Vienne, vit soudainement l’Europe se ressaisir et toutes les forces conservatrices se rassembler contre lui. L’élément de désordre, de trouble et de division qu’apportait dans le concert européen une France démocratique et napoléonienne avait disparu, depuis qu’une Assemblée monarchiste semblait promettre à notre pays un retour à sa politique traditionnelle et normale. Les craintes et les méfiances qu’avait au début inspirées à l’Europe l’Empire de Napoléon III se retournaient contre l’Empire de Bismarck. Le chancelier, qui connaissait notre histoire, nos erreurs et nos passions, essaya d’abord de parer le danger en agissant sur l’opinion démocratique française par le fantôme de la Sainte-Alliance. Il profita de l’entrevue des trois empereurs à Berlin (septembre 1872) pour donner au patriotisme français l’illusion que l’étranger menaçait la République. La Vérité est qu’il n’en croyait rien lui-même, qu’il n’était nullement rassuré sur les desseins de l’Autriche, qu’il redoutait et le tsar et la reine Victoria, et qu’il sentait bien que si la Sainte-Alliance se reformait, ce serait contre lui, Bismarck, violateur de l’ordre européen au même titre que Napoléon.
L’ordre européen, conception à laquelle la France avait porté les premières atteintes, aurait peut-être, en 1870, sauvé notre pays, si notre pays se fût trouvé en état d’y faire dignement appel. Quoique travaillant pour le compte d’une monarchie légitime, Bismarck avait fait une politique révolutionnaire.