et y réussirait… Il dit des cléricaux qu’ils n’auraient pas d’appui en France si la haute bourgeoisie n’était responsable de leurs progrès. Il est d’avis qu’il faut détruire les congrégations et expulser les jésuites. Gambetta produit une bonne impression. Il est poli et aimable, et en même temps on reconnaît chez lui l’homme d’État énergique et résolu.
« Une politique commune de la France et de l’Allemagne contre Rome », ce sera quelques mois plus tard un des articles de l’entente secrète de Gambetta et de Bismarck[1]. Nous avons montré que le chancelier avait un intérêt majeur à ce que la France ne prît pas la tête des pays catholiques. La responsabilité de Gambetta et de Thiers est donc ici éclatante : leur complicité avec l’ennemi, inconsciente, répétons-le, mais d’autant plus instructive, n’est pas niable. L’anticléricalisme a servi l’étranger[2]. Telle est la vérité. Et Hohenlohe nous apprend
- ↑ Lettre du comte Henckel de Donnersmarck au prince de Bismarck en date du 23 décembre 1877. Voir la Correspondance du chancelier (II, aus Bismarck Briefwechsel), et notre brochure la République de Bismarck.
- ↑ Rapprochons l’histoire d’aujourd’hui de l’histoire d’hier. M. Henri Vaugeois déclarait le 14 février 1906, au nom de la Ligue d’Action française dont il était président : « L’anticléricalisme, qui se dit français, usurpe ce nom. Il est antifrançais comme il est anarchiste. Le gouvernement de la France gouverne contre la nation… Une feuille gouvernementale a mis ces preuves en images sensibles aux regards du public le plus aveuglé. Le Matin d’hier, 13 février, a donné en première page un instantané photographique représentant les délégués allemands à Algésiras, MM. de Radowitz et de Tattenbach lisant le récit des tumultueux incidents de Sainte-Odile dans le Matin du 2 février. Il faut voir rayonner le visage des deux ministres allemands. Le profil de M. de Radowitz témoigne d’une intense et profonde satisfaction, goûtée avec lenteur, savourée avec force, comme à la nouvelle d’une grande victoire calculée et prévue, mais enfin qu’on avait attendue jusque-là ! Quant à M. de Tattenbach, sa béatitude intérieure s’épanouit très franchement en un large sourire. Les Français se divisent,