Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/300

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toire va jusqu’à nos jours, de dégager les grandes lignes que l’avenir, peut-être, retiendra.

Nous ne voulons pas terminer cette brève introduction et confier ce livre au public sans dire quels sont les ouvrages que nous avons consultés avec le plus de fruit. Nous n’énumérerons pas ici tout ce qui est classique, ni tout ce qui est trop particulier. Nous dirons seulement que Michelet, dans son Moyen Âge, — en tenant compte des rectifications que Fustel de Coulanges et son école ont apportées sur nos origines, — reste digne d’être lu et donne en général une impression juste. À partir du seizième siècle, s’il est gâté par de furieux partis pris, ses vues sont encore parfois pénétrantes : c’est l’avantage et la supériorité des historiens qui ont du talent, même quand leurs théories sont contestables. Mais quel dommage que Sainte-Beuve n’ait pas écrit notre histoire nationale ! Ses Lundis et ses Nouveaux Lundis sont remplis de traits de lumière et c’est lui, bien souvent, dans une étude, dans un portrait, qui donne la clef de ce qui, ailleurs, reste inexpliqué ou obscur. Nul n’a mieux montré que l’histoire était de la psychologie.

C’est aussi de la politique, ce qui revient un peu au même. À cet égard, il faut réhabiliter le Consulat et l’Empire de Thiers. On a pris l’habitude de railler cet ouvrage. La mode en est passée. Mais ce qui est aussi passé de mode, c’est d’exposer les motifs et les intentions des hommes qui conduisent les grandes affaires et c’est pourtant ce qui importe le plus à la clarté des événements. On peut dire que Thiers y excelle. Avec un esprit plus philosophique, dans l’Europe et la Révolution française, Albert Sorel l’a seulement corrigé. Pour la Restauration et la monarchie de Juillet, l’œuvre de M. Thureau-Dangin est essentielle, comme celle de M. de la Gorce pour le second Empire. Enfin, pour les origines et les débuts de la troisième République (au delà de 1882, il n’y a encore rien), les quatre volumes de M. Gabriel Hanotaux sont infiniment précieux.

Nous nous en voudrions de ne pas citer, parmi les autres livres dont nous avons tiré profit, la Formation de l’Unité française, d’Auguste Longnon, et la grande Histoire de France de Dareste qu’Albert Sorel recommandait comme la plus honnête