Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/49

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Maurice de Saxe, des villes libres comme Strasbourg et Nuremberg étaient partie au traité. Le roi de France s’engageait à soutenir les confédérés contre l’Empereur, à leur fournir des subsides. Eux, en échange, lui abandonnaient Metz, Toul et Verdun. Le traité signé, forte de cette alliance, la ligue luthérienne imposait quelques mois plus tard à l’Empereur la transaction de Passau par laquelle Charles-Quint s’engageait à ne pas reconstituer de « royaume d’Allemagne ».

C’est le modèle des opérations économiques et à risques limités par lesquelles la monarchie française parvint à conjurer le péril allemand tout en poursuivant son œuvre d’extension du territoire national. Il est très peu probable que, sans cette alliance avec les luthériens allemands, la France eût triomphé de la maison d’Autriche. L’Empire, affaibli et troublé à l’intérieur, voyait en même temps ses domaines rongés. La France se faisait, s’achevait à proportion que se défaisait et que se dissolvait l’Allemagne ou, comme on disait alors, « les Allemagnes ». Fixer et organiser l’anarchie allemande devait être le chef-d’œuvre politique du dix-septième siècle français, couronner les peines et les labeurs de plusieurs générations et marquer l’apogée de la France, dès lors sans crainte en face de son dangereux voisin, impuissant et désarmé.