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Page:Bainville - Histoire de deux peuples.djvu/133

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Il apparaît qu’il était très simple, et qu’il était suffisant de continuer ce qui avait été conçu en 1847. À ce moment, Frédéric-Guillaume IV, abandonnant la Sainte-Alliance, laissait percer les projets de la Prusse en soutenant le mouvement libéral allemand, en convoquant les États provinciaux prussiens pour accuser sa rupture avec ce qu’on nommait l’absolutisme, en prenant enfin contre l’Autriche et les cours moyennes la direction du mouvement unitaire et national en Allemagne. C’étaient les ambitions prussiennes qui se ranimaient. Contre ces ambitions, une alliance éprouvée se reforma, celle de la France et de l’Autriche, qui avaient un intérêt égal à les arrêter et à protéger l’indépendance des États allemands de second ordre. L’entente se fit entre Guizot et Metternich telle qu’elle s’était nouée quatre-vingt-dix ans plus tôt entre Kaunitz et Bernis. C’était, comme en 1756, une alliance conservatrice destinée à prévenir un bouleversement de l’ancien monde, un déplacement de l’équilibre des forces dans l’Europe centrale.

À ce moment, en effet, une agitation nouvelle, fomentée d’ailleurs par Palmerston, paraissait en Italie. Guizot et Louis-Philippe étaient sagement opposés à l’unité italienne. Il n’était plus à craindre, comme quelques années auparavant, que l’Autriche s’emparât de la péninsule entière. Là encore, l’Autriche et la France pouvaient s’entendre. On s’accorda dans les conditions les plus prévoyantes et les plus adroites. L’Autriche était suspecte en Italie ; c’est à la France qu’était confiée la pacification italienne. La France était redoutée en Allemagne ; c’était l’Autriche qui se chargeait d’y rétablir l’ordre. Programme excellent, et dont on peut d’autant mieux apprécier l’excellence, que c’est exactement le programme inverse que Napoléon III suivra en 1859 et en 1866 et qui le conduira au désastre de 1870.

« Tenir bon », tel était le mot d’ordre de Metternich en février 1848. À ce moment, la situation de la France en Europe était des plus favorable. La France se trouvait dans la meilleure posture pour attendre les événements. 1830 et 1840 étaient effa-