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Page:Bainville - La Tasse de saxe, 1929.djvu/8

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Car depuis qu’il y a des hommes, il est rare qu’une génération ait eu le temps de disparaître sans avoir vu une catastro­phe ou deux. La ville étant assiégée par l’ennemi et le pain étant devenu cher, la femme de l’émeutier porta la tasse chez un brocanteur juif qui nia qu’elle fût de vrai saxe, se plaignit que le commerce allât mal et, à la fin, en offrit vingt sous.

Quand la paix fut venue et que la prospérité commença à refleurir, le juif mit la tasse à son étalage dans l’idée de la vendre deux écus. Un jour, ayant vu un monsieur décoré qui la regardait d’un air de connaisseur, il décida de ne pas la céder à moins de vingt francs. C’est alors que, pour la tasse aux giroflées, une carrière nouvelle s’ouvrit.