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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

s’étaient écoulés avant le nouveau danger de guerre connu sous le nom d’alerte de 1875. L’alerte du mois d’août 1920 est survenue quatorze mois après le traité de Versailles. Bref délai, course accélérée des événements et des conséquences. Et cette alerte s’est présentée dans des conditions qui doivent servir d’avertissement pour l’avenir. En 1875, il y avait encore les éléments d’un équilibre européen. L’attitude de simple désapprobation prise par la Russie et par l’Angleterre avait suffi à calmer Bismarck, à lui montrer l’imprudence d’une politique qui exposait l’Allemagne au danger d’une coalition. En 1920, c’est autour de la France que l’isolement a été organisé. L’Angleterre et l’Italie désapprouvaient la politique française et déconseillaient la résistance. La grande Entente était dénoncée et une « petite Entente » ou ligue des neutres se formait dans l’Europe centrale entre les nationalités de la « barrière » pour abandonner la Pologne et la seule puissance qui soutint la Pologne. Tchéco-Slovaques et Yougo-Slaves, se rapprochant de la Roumanie, invoquaient la fraternité slave, mais c’était pour favoriser la Russie et, avec elle, l’Allemagne. Conscients de leur fragilité, ces États refusaient d’avance d’affronter les risques d’un conflit avec de plus forts qu’eux. Enfin, partout l’Allemagne était à l’œuvre, suscitant des troubles, se servant de ses relations soit avec les socialistes, soit avec les mécontents de toutes sortes, Irlandais ou flamingants.