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L’ALERTE DE 1920 ET L’AVENIR DES SLAVES

L’Allemagne, après sa défaite, devait désirer vaturellement l’alliance de la Russie. Ce n’aurait pas été une raison suffisante pour qu’elle fut certaine de l’obtenir. La Pologne semble avoir été inventée pour hâter le rapprochement.

L’alliance de l’Allemagne et de la Russie par la Pologne : c’était encore un lieu commun de notre ancienne politique, un principe qui n’avait plus besoin d’être démontré. Il subsiste. Il n’y a jamais eu tant de raisons de s’en souvenir. Le traité de Versailles a rendu à la Pologne son indépendance comme si l’Allemagne seule devait en être atteinte et blessée, comme si, pour sa part, la Russie était résignée et consentante et devait se réjouir d’avoir fait un sacrifice à la justice. On se figure aussi que des frontières qui suivraient, dans la mesure du possible, les limites ethnographiques, avec des concessions mutuelles et des compensations dans les régions indivisibles, auraient le résultat d’assurer une paix durable entre la Pologne et la Russie. En admettant la possibilité d’un partage équitable et qui contente les deux nations, il faudrait encore que la Pologne cessât de gêner, d’offusquer, d’irriter la Russie par le seul fait qu’elle existe. Au moment de fixer les frontières de la Pologne à l’est, quand celles de l’ouest, en Silésie, sont encore imprécises, on pense gagner le sentiment national russe par la modération et par la douceur. On peut l’essayer. Mais si, du même coup, on déman-