Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
131
L’ALERTE DE 1920 ET L’AVENIR DES SLAVES

inscrites sur le sol, sont inexistantes à travers les vastes plaines de l’Europe orientale. Les frontières ethnographiques sont mouvantes et toujours contestées en raison du mélange et du conflit des races, des langues et des religions. Quant aux frontières stratégiques, elles sont illusoires s’il n’y a pas, derrière les bastions et les lignes de défense, une force organisée. Depuis l’époque moderne, toutes les luttes engagées entre les peuples qui voisinent sur ces Marches se sont terminées de la même manière : ceux qui possédaient un pouvoir central vigoureux mangeaient peu à peu les autres et « rassemblaient la terre ». Ainsi, et grâce à cette supériorité, l’État prussien et l’État moscovite étaient venus à bout de la Pologne qui n’avait jamais su constituer chez elle un solide gouvernement. Ainsi encore les Habsbourg, bien assis dans leurs provinces héréditaires, avaient cousu peu à peu à leur Empire des morceaux disparates et non germaniques échappés à l’impuissance des peuples qui le bordaient.

Une des plus précieuses remarques dont l’histoire ait fait cadeau à la politique, et la politique contemporaine l’a totalement négligée, est certainement due à M. Ernest Lavisse. Après avoir raconté l’ascension des Hohenzollern et de l’État prussien, M. Lavisse note dans ses Études sur l’histoire de Prusse : « Seules ont été grandes dans les temps modernes les nations qui ont eu au moyen âge des dynasties consacrées : la Bohême, la Pologne, la Hongrie