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L’ALERTE DE 1920 ET L’AVENIR DES SLAVES

d’administrateurs (l’adroit Bilinski s’est essayé mais sans succès aux finances), ces fonctionnaires se heurtent à la résistance des habitudes et des mœurs. Ils sont étrangers à la masse du pays et ils n’ont même pas l’appui d’un gouvernement dont ils ne sont pas l’émanation directe. Le seul élément qui soit capable d’organiser la Pologne, celui qui vient d’Autriche, ne possède pas les conditions qui lui seraient nécessaires pour rendre service et pour réussir. Le seul élément qui ait une conception de l’État et le sens de la politique, celui qui vient de Posnanie, est une minorité incomprise. Et l’on ne fonde pas un État uniquement avec du patriotisme et de la bonne volonté.

Pour ressusciter une Pologne, pour l’articuler avec l’Europe, pour la mettre à égalité avec la Russie et avec l’Allemagne, en un mot pour la rendre viable, il n’y avait sans doute qu’une solution : c’était que la Pologne héritât de l’organisation dont le centre était à Vienne et qu’elle s’intégrât à l’Empire autrichien délibérément reporté des Balkans et de l’Adriatique vers l’Europe de l’est. Cette combinaison eût été conforme aux lois de la mécanique politique et, par conséquent, naturelle. L’artificiel, c’est le décret qui rend à un peuple l’indépendance sans lui donner les moyens de la garder et qui le met de prime abord en état d’infériorité vis-à-vis de ses enhemis-nés.

L’Autriche ayant été détruite, cette possibilité échappait. La Pologne a été restaurée au hasard.