préalable était requis pour régler les difficultés orientales. Si ces puissances ne s’étaient mises d’accord entre elles, n’importe quelle affaire de Macédoine eût été insoluble ou bien elle eût pris les proportions les plus graves et les « hexarques » se fussent entre-choqués. Le concert européen était une assurance contre ces risques. C’était en même temps une vague survivance de l’ancienne chrétienté, une sorte de syndicat de la civilisation européenne en face de l’Islam. À quoi s’ajoutait un principe qui avait été autrefois un dogme : celui de l’intégrité de l’Empire ottoman. Quelle que fût la décrépitude de cet Empire, on en revenait toujours à la nécessité d’y toucher le moins possible, d’abord pour éviter d’entrer dans l’ère tumultueuse des partages, c’est-à-dire des compétitions, et ensuite par le sentiment que l’ancienne Turquie représentait la forme la plus modérée et la plus européenne de l’Islam. On n’aurait rien gagné quand les vieux diplomates turcs, les vizirs prudents et subtils avec lesquels on avait l’habitude de causer seraient remplacés par des fanatiques. La révolution jeune-turque avait donné l’avant-goût de ce que produirait en Orient le réveil du nationalisme par le libéralisme. Et surtout Constantinople, « cette funeste Constantinople », est une ville qui excite tant de convoitises que le mieux était qu’elle restât turque pour que personne ne pût s’en emparer.
Il est vrai que, d’après les accords conclus entre les principaux alliés pendant la guerre,