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CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

presque à chacun des chapitres de ce livre, on finit par ordonner au moins un certain nombre de questions. S’il y a des points sur lesquels nous revenons avec insistance, au risque de nous répéter, et même parfois de sembler nous contredire, c’est parce qu’ils dominent tout. Ainsi, en montagne, les pics principaux reparaissent à chaque détour du chemin jusqu’à obséder le voyageur. Mais ils reparaissent chaque fois sous un aspect différent.

Pendant la dernière année de la guerre, nous avions écrit un livre qui a paru très peu de semaines avant l’armistice du 11 novembre 1918 et qui était destiné à montrer, par des exemples encore tout frais et tout sanglants, par l’histoire de trois générations dont la troisième avait payé pour les deux autres, qu’il y a des moments où quelques idées maîtresses des esprits, quelques décisions prises sous l’influence de ces idées, quelques mots écrits dans les actes diplomatiques à la suite de ces décisions, entraînent pour de longues années des conséquences in­calculables. « Il arrive souvent, disait encore Louis XIV, qu’on veut obscurcir le mérite des bonnes actions en s’imaginant que le monde se gouverne de lui-même, par certaines révolutions fortuites et naturelles qu’il était impossible d’éviter : opinion que les esprits du com­mun reçoivent sans peine parce qu’elle flatte leur peu de lumière et leur paresse, leur permettant d’appeler leurs fautes du nom de mal­heur et l’industrie d’autrui du nom de bonne