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CARACTÈRES DE LA PAIX

pour le désarmement, les difficultés de la sur­veillance. Nous répétons que la puissance poli­tique engendre toutes les autres et un État de 60 millions d’hommes, le plus nombreux de l’Europe occidentale et centrale, possède dès maintenant cette puissance politique. Tôt ou tard, l’Allemagne sera tentée d’en user. Elle y sera même poussée par les justes duretés que les Alliés ont mises dans les autres parties de l’acte de Versailles. Tout est disposé pour faire sentir à 60 millions d’Allemands qu’ils subis­sent en commun, indivisiblement, un sort pé­nible. Tout est disposé pour leur donner l’idée et la faculté de s’en affranchir, et les entraves elles-mêmes serviront de stimulants.

Qu’est-ce qui peut être le plus douloureux pour les Allemands vaincus ? Qu’est-ce qui peut les inciter davantage à la libération ? Les territoires qu’ils perdent ou les réparations qu’ils doivent ? Les deux, au même degré et au même titre. Ils lient les provinces à l’argent et un Badois se sent aussi intéressé qu’un Saxon à conserver la Haute-Silésie, tous deux restant citoyens du même et unique pays. Sous prétexte que la créance en serait meilleure, le traité a rendu les Allemands également solidaires de la dette. On les a solidarisés aussi dans la protestation. Silésie, Posnanie, Dantzig étaient des conquêtes de la Prusse qui n’intéressaient, il y