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CARACTÈRES DE LA PAIX

que la Belgique), il ne serait pas si ridicule. Mais cet unique petit groupe allemand, auprès du colosse germanique, personne ne le prend au sérieux.

Pologne, Tchéco-Slovaquie, Autriche suppo­saient, pour durer, qu’il n’y aurait pas à côté d’elles une grande Allemagne. L’existence et la sécurité de ces petits États supposaient d’autres petits États. Aucune considération de ce genre ne se trouve dans le traité de Versailles. Il n’apparaît même pas qu’à aucun moment les auteurs de la paix aient songé à ces questions d’équilibre. Le traité de Ver­sailles n’est pas un traité politique.

La politique consiste essentiellement à prévoir. Le traité du 28 juin est remarquable par son imprévoyance. Il accumule les difficultés et il renvoie les solutions à plus tard. Il lègue à l’avenir des litiges et des procès, non seule­ment avec l’Allemagne, mais avec nos alliés. Où en sera l’Allemagne dans quinze ans ? Où en seront nos alliances ? Cependant cette date est celle où l’occupation de la troisième zone, celle de Mayence, doit prendre fin si l’Allemagne a tenu ses engagements. Et comme elle est déjà en faute, la thèse française est que les délais sont suspendus. Cette thèse sera-t-elle admise partout ? À quels conflits donnera-t-elle lieu ? Mais l’année 1935 est encore celle où un plé-