Aller au contenu

Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

Il est probable que le même résultat eût été atteint si l’Entente eût annoncé qu’elle accorde­rait la paix quand l’Allemagne aurait brisé son unité, et alors seulement. Peut-être cette décla­ration eût-elle été accueillie d’abord avec mépris, avec une indignation même sincère. Aussi longtemps que l’Allemagne a cru à la victoire, elle n’a pas consenti à renier Guillaume II, ni même à renoncer au « gage » de la Belgique. En 1918, elle disait encore « jamais ! » pour l’Alsace-Lorraine. Avec le progrès de nos armes, l’idée eût fait du chemin. Nous savons aujourd’hui que, bien avant l’armistice, la Bavière était lasse et que le roi Louis III commençait à penser que mieux vaudrait tirer son épingle du jeu. Que se fût-il passé si cette issue avait été montrée aux Allemands ? Personne ne peut dire qu’ils n’auraient pas renoncé à leur unité aussi facilement qu’ils ont renoncé à leur monarchie. Il n’était pas non plus impossible de leur démontrer que leur unité était la cause de leurs malheurs et des nôtres, autant que les Hohenzollern en étaient responsables. Pour le démon­trer, il eût fallu le savoir.

Les Alliés avaient dénoncé le « militarisme prussien » et l’autocratie comme les ennemis de l’Europe et les auteurs de la guerre. Il n’était pas entré dans leur esprit, non seulement que