Aller au contenu

Page:Bainville Les conséquences politiques de la paix 1920.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
CONSÉQUENCES POLITIQUES DE LA PAIX

conçue sous la forme d’un État démocratique ». Dans la mesure où ces journées de novembre ont été républicaines, elles ont été favorables à l’unité de l’Allemagne[1].

Les conducteurs de la politique française s’en rendaient-ils compte ? Leur esprit était visible­ment ailleurs. Ils pensaient à l’on ne sait quels projets d’intervention en Russie à l’heure où toute leur attention eût dû se tourner vers l’Al­lemagne. Pas plus à ce moment-là qu’à aucun moment de la guerre, ils n’avaient de plan, parce qu’ils n’avaient pas d’idée directrice. Néanmoins, on pouvait leur prêter l’intention d’utiliser la victoire pour tenter une dissocia­tion de l’Empire allemand. Pour leur épargner des erreurs et des fautes, il importait de les avertir que la démocratie allemande ne travail­lait pas dans ce sens-là, qu’elle représentait un courant historique favorable à l’unité, le même d’où l’empire des Hohenzollern était sorti. Dans le mémorial où il défend l’œuvre de la délégation française à la Conférence de la paix, M. André Tardieu, invoquant notre témoignage, affecte de croire que nous considérions alors comme impossible une dissociation de l’unité

  1. Le 20 juillet 1920, à l’Assemblée nationale de Vienne, le député « grand-allemand » Angerer (grand-allemand, c’est-à-dire partisan d rattachement de l’Autriche à l’Allemagne) déclarait : « Nous ne permettrons pas la restauration de la monarchie en Autriche parce qu’elle enterrerait pour toujours toute possibilité de rattachement ». On ne saurait mieux dire que l’élément dynastique est essentiel au particularisme. Et ce qui est vrai de l’Autriche l’est également de la Bavière et des autres États allemands.