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LES ALLEMANDS DÉBITEURS DES FRANÇAIS

allemande. Kurt Eisner a même été assassiné. Dorten a failli l’être. Ce n’est pas ce qui encouragera les autres.

Alors que nous reste-t-il à faire ? Ce que nous faisons : prendre nos précautions, nous tenir sur nos gardes, nous souvenir de nous méfier. Par une injustice monstrueuse, on reproche à la France cet état d’esprit. Il est créé et légi­timé par les conditions de la paix. Ceux qui accusent la France de « militarisme » oublient que, depuis deux ou trois générations, nous subissons le harnois militaire, que nous ne l’avons jamais désiré et qu’une mauvaise orga­nisation de l’Europe nous l’impose encore. Au­cun homme raisonnable n’a jamais conçu comme une chose bonne et souhaitable que les Français et les Allemands dussent, dans la suite des siècles, continuer à se regarder comme chien et chat. Mais il en sera ainsi tant que les circons­tances propices à une conciliation n’auront pas apparu. Et ces circonstances ne peuvent pas se trouver tant que l’Empire allemand demeure tel qu’il est. La France et l’Allemagne restent condamnées à l’antagonisme. Ce n’est pas une question morale. C’est une question politique. Exactement comme le traité de Francfort, le traité de Versailles l’a posée.