Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/268

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appeler les gens au travail. Il saute à bas de son lit, il saisit son bâton, et va lui-même sonner. Personne ne vient. Brigand est furieux. Il brandit son bâton et va dans le camp. Toutes les portes sont ouvertes, tout le monde est parti, plus un meuble dans les cases. Brigand a fait tant de misères aux gens qu’ils se sont tous sauvés. Voilà Brigand tout seul. Personne pour lui puiser son eau ; personne pour piler son riz, personne pour éplucher ses brèdes, personne pour cuire ses aliments. Que pouvait-il faire ? Il fut, lui aussi, obligé de s’en aller.

Il marche, marche, et arrive dans la forêt. La nuit était tout à fait noire quand il aperçut une lumière : c’était la cabane de la vieille grand’mère où s’était réfugié Tranquille. Brigand pousse la porte et entre : qu’on juge du saisissement de Tranquille et de la vieille ! Brigand leur dit :

— J’ai faim, je suis las : qu’on me donne à manger, qu’on me donne un lit.

La bonne femme qui avait grand peur, parce qu’elle connaissait Brigand depuis longtemps, lui donna un peu de magnoc et lui dit : « Voilà tout ce que j’ai à vous donner, Monsieur ! je suis une pauvre vieille femme. »

Brigand mangea.

— Je vous ai dit que j’étais fatigué : où est mon lit ?