Page:Baissac - Le Folk-lore de l’Île-Maurice, 1888.djvu/356

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voix de Lieutenant, ça ! » La voix se rapprochait. Le roi écoutait, écoutait. Le chien n’était pas seul ; il y avait deux jeunes garçons avec lui, et ils s’amusaient à japper eux aussi pour jouer avec le chien. Le roi se leva vivement ; il alla à la porte, il regarda.

La nuit s’était faite, l’obscurité était profonde.

Mais voilà le roi qui se frotte les yeux, car il voit quelque chose qu’il n’a jamais vu auparavant. Sur le front des deux enfants qui arrivent avec le chien, il y a deux étoiles, et ces étoiles ont un tel éclat que la plaine en est éclairée comme en plein jour. Tandis que le roi demeure plongé dans l’étonnement d’un tel miracle, tout à coup le chien qui accompagne les enfants l’a senti. Le chien s’élance dans la maison ; il saute sur le roi ; il pleure, il le lèche, il jappe, il remue éperdûment la queue, il se roule par terre, il lui lèche les pieds, il lui saute à la figure pour la lécher aussi, il étouffe, il râle, il est fou. « Lieutenant ! Lieutenant ! c’est toi, Lieutenant ! » Le roi le prend dans ses bras et tous les deux pleurent de joie.

Le roi, soudain, se retourne, il s’élance vers la jeune femme, il la prend dans ses bras : « Pauline ! Pauline ! c’est toi, ma Pauline ! » Il l’embrasse ! il l’embrasse ! il l’embrasse ! Mais assez donc ! assez faire baver les gens !