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que d’un coup d’œil à son bassin. Quelle colère ! Le gardien dormait encore au bord de l’eau. Le roi prend le bâton même dont le lièvre s’était servi pour troubler l’eau, et tombe sur le gardien. Sous cette grêle de coups, le gardien tarde peu à s’éveiller. Une fois debout, il prend ses jambes à son cou, détale, et se sauve dans le bois d’où il n’est jamais ressorti.

Le roi fit sonner la trompette : « On demande un gardien pour un bassin, huit piastres par mois, une demi-balle de riz et les vivres du magasin. Mais si le gardien laisse quelqu’un troubler l’eau du bassin, on lui tranchera la tête. » Les animaux entendant cette menace ont tous peur, personne ne demande la place : le coq a peur, le chien a peur, l’oie a peur.

Trois jours se passent. Le lièvre se baigne et trouble l’eau. Le roi ne sait quoi faire : son corps commence à démanger ferme ; voilà sept jours qu’il n’a pu prendre son bain.

Le quatrième jour, l’officier du roi vient lui dire qu’il y a là quelqu’un qui demande la place de gardien du bassin : « Fais entrer. » C’était une tortue de rien du tout. Le roi la regarde, il a bien envie de se fâcher :

— C’est toi qui pourras empêcher les gens de salir mon eau ?

— Oui, mon roi ; c’est moi.