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LA PRESSE ET LE DÉCADENT

La presse parisienne a contribué dans une large mesure à la vulgarisation de l’idée décadente, non point exclusivement dans le but de l’acclimater dans le grand public, mais au contraire pour empêcher qu’on ne goûtât les œuvres de nos maîtres. Elle a craint que les populations une fois enivrées par la douceur des rythmes décadents, ne pussent plus s’en détacher. C’était un tort sans doute, puisque les décadents eux-mêmes avaient pris soin de se prémunir contre tout excès de popularité.

Les écrivains de la nouvelle école, pour garder leur indépendance complète, ont besoin d’ignorer absolument l’opinion publique. Ils ne doivent relever que d’eux-mêmes ; s’ils avaient à compter avec une clientèle quelconque, ils pourraient oublier les hautes préoccupations de l’Art, pour complaire aux goûts de quelques-uns ; ou grisés par une vogue éphémère, ils s’abandonneraient à des productions trop abondantes et par suite stériles. Un excès de ce genre serait pour eux un écueil qu’ils doivent éviter, et on peut dire que dans ce cas l’hostilité de la Presse les seconde admirablement. Jusqu’ici, ils n’ont pas eu à se plaindre au point de vue commercial, puisque ce sont toujours ceux qui ont écrit le moins qui ont gagné le plus.

La presse parisienne, si elle n’a pu leur faire de bien, ne leur a du moins pas fait de mal elle a divulgué leurs