Page:Baju - L’Anarchie littéraire, 1892.djvu/12

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d’Achille, d’Oreste et de Pylade, de Nisus et d’Euryale. Lui-même se prête volontiers aux plaisanteries les plus équivoques sur son compte, se vante de cultiver son linge avec un soin jaloux et parle souvent de ses longues stations dans les salles de bains. Malgré ses dires, il est chaste et pur comme l’enfant qui vient de naître ; mais il lui plaît de s’entendre appeler « monstre » par ces bons bourgeois à qui il ressemble si bien et qu’il brûle déjà d’imiter. Le comble, c’est qu’il a réussi à se faire passer pour un être dangereux auprès de François Coppée, Paul Bourget et Leconte de Lisle qui le signalent comme un écueil à tous les vents de l’opinion.

Au point de vue littéraire, il suit la recette de Mallarmé, accolant aux mots des épithètes bizarres comme dans ce vers :


C’est la virginité des horizons naïfs.


Mais il écrit ainsi pour épater, pour ahurir le public. Il a le talent trop élastique pour n’avoir pas, au besoin, un style moins compliqué. Il excelle aussi à produire pour quelques sous de la prose anonyme qu’il fournit aux grands quotidiens. C’est ainsi qu’il y a quelques années, il collaborait à la fois au Décadent et au Mémorial de Carpentras.

Enfin il est complet : hypocrite, égoïste, fanfaron du vice, en tout le contraire du Décadent. »


J’avais autrefois essayé dans le Décadent un parallèle entre les deux types. En voici un passage :


« Les Décadents, ce sont des laborieux ; ils apportent la formule nouvelle. À la versification plate et monotone des Parnassiens, ils ont substitué une poésie