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Mais il est évident qu’après cinq ou six générations, toutes les différences de force physique et d’intelligence seront réduites au minimum.

Il ne s’agit pas d’affirmer que les hommes seront toujours inégaux parce qu’ils l’ont toujours été : on ne conclut pas l’avenir par le passé. Et puis, il n’y a pas d’énigme dans la nature : nul fait ne se produit sans cause. Pourquoi cette inégalité ? Pour y croire, il faut admettre l’existence d’un Dieu créateur capricieux et fantasque. Comme au contraire le monde est l’œuvre d’une force fatale, toujours identique à elle-même, il n’y a pas de raison pour que les uns naissent avec des qualités que les autres n’ont pas. Si cela se produit si souvent, c’est que l’ordre immanent des choses a subi une perturbation. Il y a des causes à ces accidents ; nous en avons déjà signalé quelques-unes. La science sociale a pour but de rechercher les autres et de les prévenir.

En préconisant l’égalité des conditions, de la force physique et des intelligences, voilà comment nous la comprenons. Nous savons qu’elle est provisoirement une utopie, mais une longue, une minutieuse observation des phénomènes sociaux nous fait croire que demain elle se réalisera, parce qu’elle a présidé à la conception primordiale des clans et des tribus, parce qu’elle est inséparable de l’idée même de société.


VI — Méthode pédagogique.


À toute société correspond une pédagogie. Les hommes d’État dignes de ce nom connaissent bien