Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

agiter leur queue à droite, à gauche… Oseriez-vous affirmer qu’ils soient libres pour cela ?

On ne choisit pas entre deux choses rigoureusement identiques : on prend la première venue. Si les choses ne sont pas identiques, on prend toujours celle qui est ou qui paraît la plus avantageuse. Si nous ne prenons pas la meilleure, c’est que nos connaissances nous trompent ou c’est que nous faisons un sacrifice momentané dans l’espoir d’un plus grand bien pour l’avenir. Il ne nous est point possible d’agir autrement. Si l’ivrogne ruine sa santé à boire des liqueurs pernicieuses, c’est que, dans son ignorance, il ne voit que la jouissance immédiate. Si le travailleur économise en prévision de l’avenir, c’est qu’au prix de quelques privations il espère se procurer une longue période de repos et de bien-être dans sa vieillesse. Il n’est pas vrai, comme on le croit communément, que l’homme ait le choix entre deux actions différentes : mû par l’instinct du bien-être et de la conservation, et sous l’influence de son hérédité, de son éducation, de son milieu, il ne se détermine jamais que pour ce qui est, ou pour ce qu’il croit être son plus grand intérêt (1).

Il n’y a point de liberté. L’homme ne peut faire que ce qu’il fait. Pranzini, par exemple — quoique parfaitement libre de partir du pied droit ou du pied gauche — avec l’éducation qu’il avait reçue, le milieu dans lequel il vivait, les besoins qu’il s’était créés, ne pouvait aboutir qu’à des assassinats. Il n’avait point la liberté d’agir autrement. Si l’homme était libre, il serait une cause, il serait Dieu à côté de Dieu, « Or, il n’y a dans l’univers, dit Spinosa, qu’un