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CONTRE LES CANONS DE LA PENSÉE


Allons enfants… !

Vous entrerez dans la carriè-ère quand vos aînés n’y seront plus…

Vous y trouverez leurs poussières et l’exemple de leurs vertus. Et l’exem-emple de leurs vertus. Bien moins jaloux de leur survivre que de partager leur cercueil, vous aurez le sublime orgueil… etc., etc.

Poussières et vertus. Exemples. On ne saurait trop insister sur les facultés de mimétisme des grands singes.

Faire pareil. Telle est la loi. David Riesman a très bien décortiqué les mécanismes par lesquels « la société s’assure un certain degré de conformité de la part des individus qui la composent.[1] » Car si, comme je te le disais plus haut, le premier but de l’école est de donner l’habitude de la discipline, son deuxième est bien d’investir à bon escient le capital humain que l’État lui confie. C’est qu’elle s’y connaît en investissements et investitures. Et elle place chacun de telle façon qu’il rapporte. Par étapes et suivant un long rituel, l’enfant est initié à ce qu’on attend de lui. Il est question ici d’apprentissages divers qui marqueront son appartenance à tel ou tel clan. C’est l’abc de la sociologie et Durkheim le dit sans détour : « L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la

  1. La Foule solitaire, David Riesman, Arthaud, 1978.