Page:Baker - Insoumission à l'école obligatoire, 2006.djvu/52

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Je suis commune, pas originale pour deux sous. Et tu n’as pas vécu dans le luxe de moire des pensées singulières, isolées et superbes.

Très ordinaires aussi, dans l’ensemble, mes complices qui ont refusé l’école. D’autant moins friqués que s’ils contestent l’obligation scolaire, c’est aussi parce qu’ils contestent les obligations salariales. Beaucoup travaillent à mi-temps et font fi de leurs diplômes, prenant n’importe quel boulot pourvu qu’il leur laisse un maximum de temps libre. La galère souvent ; ce n’est pas à toi que je dois faire un dessin.

Mais ceux-là que j’ai appelés insoumis ne se considèrent pas comme des marginaux ; s’ils n’ont ni voiture ni télévision c’est parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’en acheter. Ce n’est pas une volonté de « faire autrement que les autres ». Ils sont conséquents, voilà tout. Je voudrais bien que tu saisisses que ce choix est aussi autre chose qu’un choix. Il y a une logique du refus comme il y a une logique de l’acceptation. Chaque être est un nombre entier.

Ce que nous défendons, c’est notre ordre propre. Nous voulons mourir vivants. Penser par nous-mêmes. Pas seulement par respect pour nous mais aussi par goût de l’amour. Parce qu’on ne peut aimer que des êtres pléniers. Si un groupe doit m’ôter quelque chose, je m’en retire. C’est un trop grand plaisir que de se donner. Que donnerai-je si l’on me vole ?